Femme avec un châle, 1910 (photo domaine public)
"Ici même dans la chambre se cachait
l’extrémité d’un écheveau de circonstances,
usée par la funeste journée d’hier
par la suite des jours.
Il était ici même à côté, dans la chambre
Moi, soudain, j’ai cru - que c’était ça :
C’est qu’il ne faut avoir peur de rien,
Mais qu’il faut chercher un signe secret.
Et j’ai accepté de bonne foi ; sans avoir peur
je regardais maintenant
le carré fermé de la chambre...
La porte morte.
..
Le vent lacérait le ciel gris dégelé,
le vent soufflait dans la ville,
détruisait les impasses, les murs.
Mêlée à la fange, ne demeurait que la neige fondue
de la demi-saison."
Elena Gouro
« Essaie de respirer comme les pins qui bruissent dans le lointain, comme le vent qui s’étire et s’agite, comme l’univers qui respire. Essaie d’imiter la respiration de la terre et les fibres des nuages ».
Elena Gouro
Elena Gouro (1877-1913)
Elena étudie dans plusieurs écoles d’art de Saint-Pétersbourg. Elle rencontre le célèbre musicien et peintre avant-gardiste Matiouchine à l’Ecole-studio Tsinglinski ; le couple partage les expériences créatrices. Gouro joue un rôle crucial au sein de l’avant-garde russe : à la fois poétesse et peintre, elle recherche dans la création une harmonie entre l’âme et la nature, qui peut sauver les hommes.
Son œuvre, profondément spirituel, se caractérise par une relation subtile entre formes et couleurs, souvent très lumineuses. Sa première exposition personnelle est organisée en 1908. Ses expérimentations audacieuses -la peintre s’approprie l’espace pour le reproduire comme elle le voit et le ressent-, et sa forte personnalité font d’elle un modèle pour les jeunes artistes russes.