Portrait de femme, sans date (photo Starlightmasquarade)
« Chacun, attiré par ses talents, voulait se faire peindre par la Tintoretta. Jacob Strada, antiquaire de l’empereur Maximilien, se mit sur les rangs, il se fit peindre et donna son portrait à Maximilien comme une chose rare. Ce portrait ayant acquis un grand nom à Marietta, l’empereur la fit demander à son père. Philippe II d’Espagne et l’archiduc Ferdinand en firent autant. Tintoret, qui aimait sa fille, refusa tous ces avantages. Ne voulant pas la laisser partir, il la maria à un joaillier à condition de demeurer avec lui.
La joie du Tintoret augmentait avec la réputation de sa fille ; ses progrès l’étonnaient et le succès qui en suivait ne lui était pas infructueux lorsque la mort l’enleva à la fleur de l’âge pendant un accouchement. Elle fut inhumée dans l’église de santa Maria del Orto. Son père et son mari la pleurèrent toute leur vie. »
A. J. Dezallier d’Argenville , « Abrégé de la vie des plus fameux peintres », 1762
Marietta Robusti (v. 1560-1590)
Marietta, surnommée la Tintoretta, est la fille du célèbre peintre vénitien, Jacopo Robusti, dit le Tintoret. Il lui apprend à peindre, l’habille en homme pour faciliter les relations professionnelles et travailler quotidiennement dans son atelier.
Son talent de portraitiste lui vaut d’être invitée par l’empereur Maximilien et le roi Philippe II, mais son père n’entend pas laisser partir une si précieuse collaboratrice. Robusti est réputée pour son habileté à embellir avec subtilité ses modèles, généralement des membres de la noblesse italienne. Cependant peu d’œuvres lui sont attribuées avec certitude : durant la Renaissance, le tableau est souvent le fruit d’un travail d’équipe â€celui du maître et de ses apprentis-. Les experts sont unanimes pour la toile "Le Vieil Homme et l’enfant", exécutée vers 1585 : la finesse de l’observation et l’expression psychologique les ont convaincus. Marietta meurt jeune des suites d’une grossesse.
Le vieil homme et l’enfant, v. 1585 (photo Corliart)