Le Grand Café, 1926 (photo dbnl.org)
A propos de "Grève imminente", v. 1920 : "la rangée de manifestants est indiquée par une seule forme noire fermée qui bouge vers un porche voûté au milieu d’une rue délimitée avec parcimonie. Le groupe semble anonyme, une masse se mouvant qui ne peut être arrêtée. Elle ne se focalise pas sur la démonstration d’une révolte politique, mais sur celle d’un incident effrayant, même fascinant."
Martina Padberg
Lotte B. Prechner (1877-1967)
Lotte Stein naît dans une famille juive de Poméranie (province de la Prusse) ; elle étudie l’art dans diverses écoles et académies allemandes ainsi qu’à l’académie Julian à Paris. Vers 1905, elle se marie et a un enfant. Séparée, elle habite Cologne avec l’historien d’art et professeur W. Bombe ; le couple parcourt les capitales européennes. Effrayés par les nazis, ils partent pour la Belgique en 1936.
Prechner, qui réalise des peintures et des sculptures, excelle en lithographie. Artiste de guerre en 14-18, elle a partagé la souffrance des réfugiés et son œuvre graphique constitue une critique sociale de son époque : grévistes, réfugiés et citadins s’animent sur ses gravures, offrant ainsi un panel de destinées humaines ; ses gravures témoignent de l’atmosphère si particulière de l’entre-deux-guerres. En simplifiant à l’extrême, Prechner, qui s’appuie sur le contraste du noir pur et du blanc, crée un langage formel expressionniste qui frappe par sa puissance. Influencé par l’Art nouveau, son style évolue et elle aborde les paysages et les scènes de genre.
L’artiste conquiert le marché de l’art allemand, elle vend un grand nombre d’œuvres aux musées, et ses expositions, comme la Grosse Berliner de 1929, sont très courues.
Les chômeurs, sans date (photo eart.de)