Portrait d’une négresse, 1800 (photo Wikipedia)
« Le portrait du député Belley, présenté en 1797 et 1798, a fasciné le public. Pourtant représenter un Noir n’est pas alors un sujet noble, et semble plus incongru encore de la part d’une femme dont on attend des sujets charmants, familiaux ou intimistes. En présentant ce portrait de femme noire qui renoue avec le style néoclassique au Salon de 1800, madame Benoist démontre ses capacités et triomphe du même coup des conventions sur le rôle dévolu aux femmes artistes.
Au tournant du siècle, la situation des Noirs représente un enjeu politique et économique considérable. »
Luce-Marie Albigès
Marie-Guillemine Benoist (1768-1826)
Elève de Vigée-Lebrun puis de David, M. G. Benoist expose pour la première fois au Salon de 1791, mais c’est le tableau "L’Innocence entre la Vertu et le Vice" qui retient véritablement l’attention de ses contemporains : peintre néo-classique, Benoist traite ce sujet mythologique avec une touche personnelle en confiant le rôle du Vice à un homme. Le "Portrait d’une négresse" présenté au Salon de 1800 la rend célèbre : au-delà du talent, une fois de plus le sujet choisi est frappant quand on sait que l’esclavage vient d’être aboli six ans avant. En 1804, elle reçoit une médaille d’or, puis touche une pension. Elle confirme son engagement en ouvrant un atelier aux femmes.
Benoist brosse les portraits des plus grands â€dont Napoléon Ier- avant d’être contrainte d’abandonner une brillante carrière, jugée incompatible avec la nouvelle fonction politique de son mari.
Portrait de Pauline Bonaparte, 1808 (photo Augusta Stylianou Gallery)