Femmes avec masque, Downshire Hill, Londres, 1941 (photo Musée du Jeu de paume)
« Quelque chose craqua sous mon pied dans la chambre noire, je poussai un cri et allumai la lumière. Je ne trouvai pas de quoi il s’agissait, une souris peut-être ou quelque chose d’autre. Puis je me rendis compte que le film avait été totalement exposé : dans la cuve à développement se trouvait une douzaine de négatifs pratiquement développés, d’un nu qui apparaissait sur le fond noir.
Man Ray s’en empara, les mit dans le fixateur et les examina plus tard. Il ne m’engueula pas car j’étais effondrée. Quand il les regarda, il vit que les parties non exposées du négatif, qui constituaient le fond noir, avaient été soumises à la lumière, et s’arrêtaient juste à la limite du corps nu et blanc. Ma découverte accidentelle était parfaite mais Man dut encore trouver le moyen de contrôler ce phénomène et de le reproduire à volonté. »
M. Amaya. « My Man Ray »,
Lee Miller (1907-1977)
La jeune Américaine Lee Miller commence à poser pour son père, un photographe amateur, avant de devenir l’une des modèles les plus sollicitées par les magazines et les plus grands photographes, dont Man Ray avec qui elle collaborera. Elle passe alors de l’autre côté de l’objectif. En 1932, son mariage avec un homme d’affaires égyptien lui permet de découvrir et photographier l’Egypte. Sa rencontre avec l’écrivain et poète anglais, Roland Penrose, lui ouvre les portes du cercle des surréalistes dont elle devient l’égérie. En 1944, Miller obtient une carte de presse pour suivre les troupes américaines en Allemagne. La guerre finie, elle travaille pour le magazine Vogue à New York, puis délaisse la photo.
Miller est une artiste fascinante : étonnante, audacieuse, anticonformiste, lancée résolument dans une quête de l’épanouissement personnel et de la liberté. Son œuvre révèle un regard acéré, un talent de la composition, un sens aigu de l’esthétique et une créativité qui s’exprime dans ses photos surréalistes. Son fils, Anthony Penrose, rédige des biographies et des livres de photos pour la pleine reconnaissance de l’œuvre de sa mère.
La main qui explose, 1930 (photo CritikArt.net)